Que signifie Cucul la praline ?

“cucul la praline” signifie niais, simplet, naïf, ridicule.

Quelle est l’origine de l’expression ?

Cucul

Tout d’abord, précisons que l’adjectif “Cucul” figure bien dans le dictionnaire et signifie déjà, à lui tout seul, ridicule, niais, nigaud.
Dans la partie “Langue Française” du site savour.eu, nous avons déjà expliqué ce que l’on appelle un redoublement hypocoristique . Dans ce procédé linguistique, le doublement de la syllabe initiale sert à créer des mots dont le caractère péjoratif est alors adouci (exemple : “bébête”). Or, à la fin du 19ème siècle, une personne que l’on qualifiait de “cul” était une personne stupide, niaise. “Cucul” étant le résultat de ce doublement, c’est devenu un adjectif qui qualifie quelqu’un de gentiment stupide, simplet.
Mais pourquoi l’adjectif “cul” original avait-il ce sens ? Eh bien nous ne savons pas ….nos recherches nous ont mené dans un cucul-de-sac !

Ce qui semble généralement admis (1) c’est que la première utilisation du mot “cucu” en littérature est attribué à Colette dans “La chatte” (1933): “La jeune dame dit bien ce qu’elle veut dire. Elle a prétendu au jardinier que le massif de silènes et de myosotis faisait cucu …. j’en ris encore(2).

Praline

Quant à la praline (amandes rissolées dans du sucre), tout le monde semble d’accord pour dire qu’elle fut créée, au milieu du 17ème siècle, par le cuisinier du Duc de Choiseul, comte de Plessis-Praslin et maréchal de France. Le cuisinier en avait eu l’idée en voyant quelqu’un de son entourage manger en même temps une amande et du sucre caramélisé. Il appela ce bonbon “Prasline” en hommage à son maître qui, toutefois, n’hésita pas à s’en attribuer l’invention.

Cucul la praline

Quand les 2 mots “cucul” et “praline” furent-ils accolés pour amplifier l’aspect nigaud et ridicule d’une personne ? c’est encore une autre histoire :

  • Madame Du Deffant, célèbre femme de lettres du 18ème siècle, et amie de Voltaire, nous met sur une piste.
    Dans l’une de ses correspondances adressée à l’abbé Bartélémy le 8 juillet 1773 elle écrit : “« Il faut voir ce qui adviendra de chantilly mais c’est se donner des airs à la praline que de parler de tout cela(3).
    En bas de page il est précisé que “se donner des airs à la praline” fait allusion a mademoiselle Sandon qui était liée avec les Praslin.
    Dans les milieux “branchés” du 18ème siècle, cette expression permettait de ridiculiser certaines personnes, dont notamment des descendants du comte de Plessis-Praslin, lorsqu’elles énonçaient des lieux communs en prenant un ton pédant.
  • Sur le site culture-generale.fr (4), nous avons trouvé une explication pleine d’humour que nous aimerions pouvoir croire : le Duc De Plessis-Praslin , après un séjour sur l’île de Praslin en qualité d’administrateur colonial, aurait rapporté de cette île de grosses noix de coco appelées “Coco-Fesses ». Le cuisinier inventeur de la praline, lui-même originaire de l’île, aurait fait tomber par maladresse de la coco-fesses dans un sirop de sucre, inventant donc la friandise par sérendipité et gagnant au passage le surnom de « cucul-la-praline ».
  • Charles Virmaître, historien, lexicographe et journaliste français du 19ème siècle, est connu pour son dictionnaire “argot fin de siècle” (1894) auquel savour.eu fait souvent référence. Mais il a écrit un grand nombre d’ouvrages sur Paris dont, notamment “Paris qui s’efface” (1887). A la fin de cet ouvrage il mentionne des héros des rues disparus dont un certain “cucu pralines(5). De la capitale, Charles Virmaître s’intéresse plus particulièrement à ses mœurs sexuelles, à la prostitution et aux maisons closes. Un de ses derniers ouvrages se penche sur la pratique de la flagellation, dans son essai “Les Flagellants et les flagellés de Paris” (1902). Un passage de cet ouvrage y décrit la passion perverse d’un certain cucu-pralines surnommé ainsi du fait de cette perversion. Nous n’en dirons pas plus ici. nous vous laissons découvrir l’extrait (6).

On peut donc affirmer que “cucu pralines” circulait sous forme de surnom dans les rues de Paris à la fin du 19ème. Or l’adjectif “cucu” dans le sens “nigaud”, “ridicule” est apparu au début du 20ème siècle. On pourrait donc se demander si ce surnom “cucu pralines” qui circulait alors ainsi que le souvenir plus lointain de “l’air à la praline” auraient pu inspirer notre “cucul la praline”.

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Nos sources

(1) Trésor de la langue française informatisé TLFi – “Cucu”
(2) La chatte – B.Grasset (1933) – page 67 – Colette
(3) Correspondance inédite de Madame Du Deffant – Volume 2 – Paris Michel Levy frères (1859) – Pages 219-220
(4) culture-generale.fr – “D’où vient l’expression Cucul la praline”
(5) Paris qui s’efface (1887) – Page 314 – Charles Virmaître
(6) Wikisource – Les Flagellants et les flagellés de Paris (1902). Page 79 – Charles Virmaître

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