Que signifie l’expression “C’est un navet”

C’est un navet permet de qualifier un mauvais spectacle, surtout en ce qui concerne un film.

Quelle est l’origine de cette expression ?

Un navet n’ayant pas trop de goût on pourrait penser que le manque de saveur (voire parfois un certain mauvais goût) d’un film expliquerait pourquoi on dit de lui que c’est un navet….hé bien que nenni !
Le site expressio.fr mentionne que “Claude Duneton, dans son livre La Puce à l’oreille, fait le lien entre la statue de l’Apollon du Belvédère et l’expression « un navet » qui qualifie les œuvres médiocres, et, surtout, de nos jours, les films.
Selon Claude Duneton, les jeunes étudiants en art en visite à Rome à la fin du 18ème siècle, nommèrent ironiquement cette statue « le navet épluché » à cause  de “la forme allongée et lisse de ses membres, dont la musculature n’apparaissait pas ». Lors des campagnes Napoléoniennes, l’œuvre fut transférée à Paris en 1798 et le terme de navet s’appliqua progressivement également aux dessins et peintures dont on critiquait la qualité. Il passa au 20ème siècle de la toile peinte à la toile de l’écran de cinéma, qualifiant ainsi un film de mauvaise qualité” (voir l’article Wikipedia l’Apollon du Belvédère” mentionnant cette explication de Claude Duneton).

expression un navet dans l'oeuvre Emile Zola Roman Gaspard avec expression "courir sur le haricot" "un navet"

 

Dans son roman “L’Oeuvre”, publié en 1886, inspiré plus ou moins par son ami Paul Cézanne, Emile Zola continuait la saga des Rougon-Macquart. Il y employa l’expression “un navet” :
“…. Tais-toi donc ! reprit un camarade, un petit peintre blond très rageur, tu ne vas pas vouloir nous faire avaler un pareil navet.
Oui, oui, Un navet! tous répétaient le nom avec conviction, ce mot qu’ils jetaient d’habitude aux dernières des croûtes, à la peinture pâle, froide et plate des barbouilleurs …..”

Signalons que l’on rencontrait parfois, dans le langage populaire au début du 20ème siècle, l’utilisation de navet comme adjectif pour qualifier un personnage un peu niais. On trouve cette utilisation notamment dans le prix Goncourt 1915 : “Gaspard” de René Benjamin (1885-1948) :
“…. Et le regardant sous le nez :
— Pourquoi qu’ t’es navet comme ça?
— C’est bon, c’est bon, fit l’autre ; tu verras.
— Pis, qu’est ça peut m’ foute ! dit Gaspard…”

 

Pour revenir au navet dans le monde du cinéma, Eric Neuhoff, journaliste, écrivain et critique de cinéma, fait la différence entre un navet et un nanar (article “champ de navets” dans le nouvelliste.ch). Ce dernier, dit-il, revendique son caractère navrant et reste bon-enfant. On peut y ranger les séries de films des “gendarmes” ou des “bidasses”. Le navet est, au départ, parfois arrogant et souhaite qu’on lui déroule le tapis rouge mais lorsque c’est tout le contraire qu’on lui réserve il en est tout surpris. C’est le cas parfois dans le cinéma dit d’auteur.
Eric Neuhoff note également que les suites de films à succès (ex : camping 2, 3ème volet des bronzés ….) sont souvent à ranger dans la catégorie des navets.

Share Button

Laisser un commentaire