Que signifie Faire le coup du Père François ?

Faire le coup du père François c’est Prendre en traître
A son petit fils venant la voir en pleurs pour se plaindre du coup porté en traître par un (ex) petit camarade, la Grand-Mère s’empressait de lui dire “Encore un qui aime faire le coup du Père François mais ne t’inquiète pas, on va lui chanter Ramona“.

Quelle est l’origine de cette expression ?

En quoi consiste ce fameux coup ?

L’expression est attestée à partir de 1868 selon le dictionnaire des expressions et locutions (1).
On en trouve une définition détaillée dans le dictionnaire d’argot de ROSSIGNOL, publié en 1901 : “Mettre autour du cou d’un passant un foulard ou une courroie au moment où il tourne le dos à l’agresseur. Celui qui a passé le foulard fait aussitôt un demi-tour et, tout en retenant les deux bouts, se courbe en avant; de ce fait la victime perd pied, et instinctivement prend avec les deux mains l’objet qui l’étrangle, ce qui permet au complice de fouiller les poches tout à son aise“.
Littéralement, c’est donc étrangler quelqu’un par derrière et, de façon métaphorique, c’est prendre quelqu’un en traître, agir de façon déloyale.

Mais qui était donc ce Père François ?

  • Le dictionnaire des expressions et locutions mentionne que Gaston ESNAULT suggère que le Père François serait le surnom du lutteur Joseph Arpin. Ce dernier était connu sous le nom de “Arpin le terrible Savoyard” (1). Peut-être utilisait-il parfois l’étranglement pour vaincre ses adversaires.  Toujours est-il qu’il fut longtemps invincible jusqu’à ce qu’il rencontre, en 1853 dans la salle Montesquieu à Paris, le non moins célèbre et terrible Henri Marseille, surnommé « le Meunier de La-Palud » (3).
  • Dans son dictionnaire historique, étymologique et anecdotique de l’argot Parisien (1872), Loredan Larchey explique que la courroie utilisée pour l’étranglement a été nommée “Père François” du nom de “l’escarpe” (voleur) qui s’en servit le premier. Il mentionne également que cela se rapproche de l’ancien “charriage à la mécanique(4). Or il est intéressant de noter que François Vidocq mentionne à plusieurs reprises, dans “Les vrais mystères de Paris” (1844), les “charrieurs à la mécanique” (5). Alors ? devrions-nous faire le rapprochement entre “coup du Père François” et “François Vidocq (1775-1857)”, qui fut délinquant et bagnard avant de devenir policier et détective privé ?

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Nos sources :

(1) Dictionnaire des expressions et locutions – Les usuels du Robert, Poche (1997) – “François” page 442 – Alain Rey et Sophie Chantreau
(2) Dictionnaire d’argot – Editeur Paul Ollendorff, Paris (1901) – “Père François” page 83 – Rossignol
(3) editionsarthema.fr – Le lutteur Arpin dit le terrible savoyard
(4) Dictionnaire historique, étymologique et anecdotique de l’argot parisien – Editeur F.Polo (1872) – “François” page 142 – Loredan Larchey
(5) Les vrais mystères de Paris – Editeur Alph Lebèque et Sacré Fils – Tome premier (1844) – Pages 30 et 52 – Par François Vidocq

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