Que signifie Faire devenir chèvre ?
Faire devenir chèvre c’est faire perdre patience, faire enrager, exaspérer.
Quelle est l’origine de l’expression ?
Le dictionnaire de la langue verte (1867) d’Alfred DELVAU nous donne les explications suivantes (1) :
- Chèvre : mauvaise humeur dans l’argot des ouvriers et spécialement des typographes
- Avoir la chèvre : être en colère
- Aux 17ème et 18ème siècle on disait, dans le même sens, “prendre la chèvre“
En complément, le nouveau dictionnaire François-Allemand et Allemand-François publié en 1669 nous apprend que les les expressions “prendre la chèvre” et “devenir chèvre” étaient utilisées au 17ème siècle. Elles signifiaient alors “se fâcher sans grand sujet“. (2)
“Prendre la chèvre” est même attestée un siècle plus tôt, en 1573, selon le dictionnaire étymologique de Walther Von Wartburg (3).
Que la chèvre ait été utilisée dans ces expressions pour leur donner ce sens n’est pas vraiment étonnant. En effet il suffit d’observer le comportement social des chèvres. Le constat est qu’Il n’est pas toujours de tout repos.
L’expression “faire devenir chèvre”, avec le sens que nous lui donnons aujourd’hui, apparaît au milieu du 19ème siècle. L’un des plus anciens documents dans lequel nous l’ayons trouvée est “la revue suisse et étrangère” en 1858 : “Les fredaines enfantines la faisaient devenir chèvre” (4).
On est donc passé de la colère, au 17ème siècle, à l’exaspération, au 19ème siècle. Mais, finalement, ce n’est pas si éloigné, une exaspération peut se terminer par une grosse colère.
Autres expressions avec chèvre ?
Mais qui est donc Walther von Wartburg ?
Un mot sur notre illustration
Nos sources :
(1) Dictionnaire de la langue verte – Editeur E.Dentu, Paris (1867) – “Chèvre” page 92 – Alfred Delvau
(2) Nouveau dictionnaire François-Allemand et Allemand-François, chez Jean Herman Widerhold, Basle (1669) – Page 185
(3) Französisches Etymologisches Wörterbuch (FEW : https://lecteur-few.atilf.fr/) – Par Walther von Wartburg – “capra” volume 2, page 295a
(4) Bibliothèque universelle – Revue suisse et étrangère – Tome second – Bureau de bibliothèque universelle , Genève (1858) – Page 101
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