Que signifie Être fanny?
Être fanny signifie que l’on a perdu une partie, par exemple de boules ou de cartes, sans marquer aucun point.
Quelle en est l’origine ?
Les fesses de Fanny
Le “mini guide de la boule Lyonnaise” publié en 1973 fait référence à l’origine Lyonnaise de l’expression. L’auteur André Duluc y rapporte l’histoire contée par un certain Jules Gourmond dans “l’almanach des amis de Guignol” en 1929 (1). Dans les années 1870, dans le quartier de la Croix Rousse, vivait une certaine Fanny Dubriand. C’était une jeune femme à l’esprit faible et quelque peu détraquée couchant souvent à la bonne étoile. Ses parents tenaient une herboristerie sur le boulevard derrière l’actuelle Mairie de la croix Rousse. Fanny, quant à elle, était très connue dans ce quartier. Elle y fréquentait les joueurs de boules du clos Jouve. Et c’est là qu’elle intervenait fréquemment lorsqu’un joueur n’avait fait aucun point dans la partie qu’il avait perdue. Elle relevait ses jupons et lui montrait son postérieur après lui avoir demandé un paiement.
Il s’agissait donc d’un gage d’autant plus que la Fanny n’était guère attirante avec sa “coiffure échevelée” et “sa mise négligée”. C’est donc de cette coutume qu’est née l’expression “voir la Fanny”. Quelques années plus tard, après la mort de Fanny Dubriand à l’asile de Bron, l’expression est devenue “baiser la Fanny”. Elle n’était plus là mais elle était remplacée par l’image ou la statuette d’une femme montrant ses fesses que le perdant devait donc embrasser.
Le cul de la vieille
Sans doute les boulistes de la Croix Rousse se sont-ils inspirés de l’expression “baiser le cul de la vieille” qui était déjà utilisée au début du 18ème siècle. Elle signifiait alors “perdre sans avoir pu gagner ni prendre un point” (2).
Mais cette expression, du moins la coutume de baiser le cul de la vieille en cas de défaite, est bien plus ancienne. Selon Carl Friesland dans “Zeitschrift für französische Sprache und Literatur”, son origine remonterait au Moyen Âge dans “La Chanson d’Audigier” écrite à la fin du 12ème siècle. Dans cette chanson, le comte Turgibus, seigneur d’une certaine Grinberge, ayant perdu deux batailles de suite, doit accepter de “baiser le cul de la vieille” comme condition à la paix (3).
De “baiser le cul de la vieille” au 12ème siècle, on est donc passé à “baiser Fanny” au 19ème siècle puis “embrasser Fanny” ou “Être Fanny” de nos jours. Parallèlement, l’imagerie liée à la Fanny de la croix Rousse s’est éloignée de la dimension repoussante de la fanny d’origine pour mettre en avant des postérieurs aux formes jugées plus attirantes.
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Un mot sur notre illustration
Nos sources
(1) Google books (books.google.fr) – Mini guide de la boule Lyonnaise – Editions SMA, Lyon – Pages 33 et 34 – Par André Duluc
(2) Bibliothèque national de France – Gallica (gallica.bnf.fr) – Dictionnaire comique, satyrique, critique, burlesque, libre et proverbial – Chez Zacharie Chastelain, Amsterdam (1750) – Page 175 – Par Philibert Joseph Le Roux
(3) Google books (books.google.fr) – Zeitschrift für französische Sprache und Literatur – volume 18 – Berlin (1896) – Page 243 – par D.Behrens
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