Que signifie Avoir la cerise ?
“Avoir la cerise” signifie être malchanceux
Quelle est l’origine de l’expression ?
Dans “Le Robert Dictionnaire des expressions et locutions“, Alain Rey et Sophie Chantreau expliquent que, à la fin du 19ème siècle, l’expression avait le sens de “avoir de la chance”.
A la même époque on utilisait également l’expression “avoir la guigne” qui signifiait, à l’inverse, “être malchanceux”. Notons toutefois que cette expression est plus ancienne. En effet elle date du 17éme siècle (source : cnews.fr). Elle fait référence aux signes discrets utilisés par certains tricheurs pour communiquer pendant les parties de jeu de cartes.
En vieux français, le mot “guigne” désignait la façon très discrète de faire un signe à quelqu’un, par exemple en clignant de l’œil. Par extension, “guigner” est devenu synonyme de regarder quelqu’un ou quelque chose du coin de l’œil, subrepticement.
Puis le sens initial a progressivement dérivé pour devenir “avoir le mauvais œil”, et “avoir la guigne” a donc pris le sens de “avoir de la malchance”.
De la chance à la malchance
Or la guigne est une variété de cerise. Et elle fait partie, tout comme cerise, nèfle et prune, des fruits qui symbolisent une faible valeur.
Donc, progressivement, l’expression “avoir la cerise” s’est rapprochée de “avoir la guigne” et a fini par en prendre le sens vers le début du 20ème siècle.
Lors de nos recherches, nous avons trouvé une revue de 1911 utilisant l’expression pour évoquer la malchance. Il s’agit de “Le Ménestrel : journal du monde musical, musique et théâtres, Volume 77“. Il y est question de Balzac qui a longtemps eu “la cerise posthume” mais qui “commence à se désenguignonner au point de vue artistique“. Notons que ce verbe “désenguignonner” signifiait alors “faire cesser la mauvaise chance” (enlever la guigne).
La cerise selon Alphonse Boudard
Alphonse Boudard, romancier utilisant fréquemment une langue inspirée de l’argot, est l’auteur du roman « La cerise » dont voici un extrait où “avoir la cerise” est bien illustré :
« ….Beaucoup de gens ignorent que la cerise c’est la guigne, la poisse, la malchance. Une vieille pote à moi, ma chère compagne, mon amoureuse folle que je retrouve à tous les coins de rue de mon parcours. Si elle me colle au train, la salope ! me saoule, m’ahurit ! Toujours là, fidèle à tous les rendez-vous ! Fidèle comme un chien, fidèle comme la mort. J’ai beau faire, toucher du bois, me signer, éviter l’échelle par en dessous, j’arrive pas à l’exorciser….. »
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