Que signifie Chanter Ramona ?
Chanter Ramona c’est réprimander, enguirlander, passer un savon.
Après avoir constaté une bêtise et après avoir identifié le coupable, une des expressions favorites de ma Grand-Mère était “attends, celui-là je vais lui chanter Ramona“. L’idée était de lui passer un sérieux savon mais absolument pas de pousser la chansonnette “Ramona” du célèbre Tino Rossi. A ce sujet, ma Grand-Mère avait trouvé un surnom pour ce célèbre chanteur des années 40 à 60. Elle l’appelait en effet “Toni Siro”. Sans doute était-ce en rapport avec sa voix jugée trop sirupeuse.
Quelle est l’origine de l’expression ?
En 1867, Dans le dictionnaire de la langue verte d’Alfred DELVAU, on trouve la définition de “Ramona“ = “Petit Savoyard qui, aux premiers jours d’automne, s’en vient crier par les rues des villes, barbouillé de suie, raclette à la ceinture et sac au dos.” (1).
Le Ramona était donc un petit ramoneur Savoyard, celui qui effectuait les ramonages.
Or, en 1878, le ramonage c’est aussi, au sens figuré, du “rabâchage” des “murmures réitérés“, selon Lucien RIGAUD dans son dictionnaire du jargon Parisien (2).
Et, un peu plus tard, en 1896, les murmures deviennent même des grognements, voire des réprimandes. C’est ce qu’explique Georges DELESALLE dans le dictionnaire argot-Français, Français-Argot (3).
C’est sans doute à cette époque (fin 19ème, début 20ème) qu’est née l’expression. Elle s’est peut-être inspirée d’une autre expression en usage à la même époque : “Chanter goguette” (dire des injures, des choses offensantes). Sur ce modèle et compte tenu du sens de cette expression et de la signification de “ramonage”, cela présentait une certaine logique de voir apparaître “chanter ramona” avec le sens de “réprimander”. Alors, bien sûr, si on poussait la logique jusqu’au bout, c’est “chanter ramonage” qu’on aurait dû voir apparaître. Mais du ramonage au ramona il n’y a qu’un pas d’autant que, allez savoir, malgré ses conditions de travail difficiles, peut-être le ramona chantait-il parfois dans les rues.
Et en ce qui nous concerne, le sens de “passer un savon” nous semble doublement adapté au ramona. Au sens figuré , il se faisait très certainement souvent enguirlander. Au sens propre, lui passer un savon était plus que nécessaire lorsqu’il rentrait barbouillé de suie.
Et maintenant écoutons Toni Siro (euh ! Tino Rossi) chanter Ramona en cliquant sur sa photo….. Signalons que cette chanson était à l’origine la chanson titre du film Américain Ramona sortie en 1928, et que le premier à la chanter en français fut Saint-Granier.
….et découvrons l’histoire des petits ramoneurs savoyards en cliquant sur leur photo.
Autres expressions de grand-mère ?
Nos sources :
(1) Dictionnaire de la langue verte – Editeur E.Dentu, Paris (1867) – “Ramona” page 410 – Alfred Delvau
(2) Dictionnaire du jargon Parisien – Editeur Paul Ollendorff (1878) – “Ramonage” page 288 – Lucien Rigaud
(3) Dictionnaire Argot – Français, Français – Argot – Editeur Paul Ollendorff, Paris (1896) – “Ramonage” page 239 – Georges Delesalle
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