Que signifie Poser un lapin ?
Poser un lapin c’est le fait de faire attendre quelqu’un en ne venant pas à un rendez-vous.
Quelle est l’origine de l’expression Poser un lapin ?
Le dictionnaire de la langue verte de Hector FRANCE, publié en 1907, nous donne les explications suivantes (1) :
Tout d’abord il faut remonter aux temps des diligences. En effet, à cette époque, les conducteurs avaient développé une pratique leur permettant d’arrondir leur fin de mois. Celle-ci consistait à prendre en supplément un voyageur auquel on faisait payer un prix réduit. Bien entendu le conducteur n’en rendait pas compte à l’administration. Ce voyageur supplémentaire se retrouvait très souvent avec les bagages sous la bâche. Dans le jargon de leur métier, les conducteurs l’appelaient un lapin. En fin de journée ils pouvaient alors dire “aujourd’hui, j’ai fait 2 lapins”. Ou encore “aujourd’hui j’ai posé 2 lapins au contrôleur des recettes”.
Par analogie avec cette pratique, les prostituées employaient la même expression. En effet, lorsqu’elles rendaient compte à leurs souteneurs, elles pouvaient volontairement oublier de déclarer un client. Auquel cas elles disaient entre elles avoir posé un lapin.
De même lorsque l’amant de passage s’en allait sans payer, on disait de lui qu’il était un poseur de lapin.
Mais, finalement, pourquoi le lapin a-t-il contribué à donner ce sens ?
Dans le nouveau supplément du dictionnaire d’argot (1889), Loredan Larchey avance une hypotyhèse (3). Cela viendrait d’un jeu pratiqué sur les foires. Cela consistait à viser un lapin que les forains posaient sur un tourniquet. Malgré les apparences, le jeu était compliqué et il n’y avait jamais de gagnants. Les malheureux joueurs attendaient donc un paiement que le forain “poseur de lapin” ne donnait pas. Puis, par un glissement du sens, cela s’est appliqué à la prostituée attendant la rétribution de son client, qui, lui aussi, devenait un poseur de lapin.
C’était souvent dans ce sens que cette expression était employée vers la fin du 19ème siècle. Mais on commençait également à l’utiliser dans le sens “faire attendre”. Ce sont les deux définitions qu’en donne Georges Delesalle dans son dictionnaire d’argot (1896) : “Donner un rendez-vous et ne pas y aller / Ne pas payer une fille galante” (2).
Poser un lapin était donc synonyme de “refus de payer”, et, de façon plus générale “ne pas tenir une promesse, un engagement“.
Pour boucler la boucle avec les lapins voyageurs au début de cet article, nous pourrions dire que le poseur de lapin qui arrive avec beaucoup de retard à un rendez-vous n’a pas fait preuve de “diligence”.
Autres expressions avec le mot lapin ?
L’expression poser un lapin vue par Muriel Robin
Mais qui est donc Hector FRANCE ?
Un mot sur notre illustration
Nos sources :
(1) Dictionnaire de la langue verte – Librairie du Progrès, Paris (1907) – “Lapin (Poser un)” page 195 – Par Hector France
(2) Dictionnaire Argot-Français et Français-Argot – Editeur Paul Ollendorff, Paris (1896) – “Poser” page 228 – Par Georges Delesalle
(3) Nouveau supplément du dictionnaire d’argot – Editeur E.Dentu, Paris (1889) – “Lapin” page 137 – Par Loredan Larchey
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