Sucrer les fraises

Que signifie l’expression sucrer les fraises ?

Sucrer les fraises c’est être agité d’un tremblement incontrôlable souvent dû à la vieillesse. Donc, par extension, “être sénile“.

Quelle est son origine ?

Elle vient d’une analogie d’un goût douteux et plutôt cruelle. En effet on rapproche le fait de secouer le sucrier verseur au-dessus des fraises et les tremblements nerveux qui agitent une personne généralement âgée.
Elle est attestée à la fin du 19ème siècle. Avec l’outil Ngram viewer, Nous avons trouvé un exemple dans “Paris aux cent coups” (1888) d’Aurélien Scholl, journaliste, auteur dramatique, chroniqueur et romancier français : “Les hommes d’état de 1870 sont évidemment tombés en enfance et bons tout au plus à sucrer les fraises” (1).

C’est toutefois vers le milieu du 20ème siècle que l’expression semble prendre son envol. A titre d’exemple :

Le figaro artistique (1932) : “Sur le mur se lisent des annonces de ce genre inédit et fin : on demande un petit vieux qui a la tremblote pour sucrer les fraises” (2)
le Passe-muraille de Marcel Aymé (1943) : “je tremble de partout, regardez mes mains, je sucre les fraises, les jambes qui grelottent (…). (3)
Le vin de Paris de Marcel Aymé(1947) : “Voilà Félicien qui se met à sucrer les fraises à pas trente ans d’âge, et son père, donc l’Achille Guérillot, un buveur aussi, ah ! oui, un buveur” (4).

Et, aujourd’hui, l’expression est toujours utilisée même en chanson, la preuve avec la chanteuse la Grande Sophie. Elle a intitulé l’une de ses chansons “sucrer les fraises” (2002). Elle illustre l’obsession du temps qui passe et la préparation du dernier voyage (5) :
“S’il y a un moment que je n’peux pas prévoir
La fin de la course ou l’heure de mon départ
Qui tiendra ma main,….
…..J’irai sucrer les fraises, là-haut sur la falaise …”