Que signifie Prendre en grippe ?

Prendre en grippe c’est ressentir, manifester de l’antipathie pour quelqu’un ou quelque chose.

Quelle est l’origine de l’expression ?

de “Gripper” …

Le verbe «gripper» était utilisé par les Francs sous la forme “gripan”. Il signifiait alors “saisir, empoigner(1).
Il continua à être employé dans ce sens au moins jusqu’à la fin du 17ème siècle. C’est attesté notamment dans le dictionnaire universel (1690) d’Antoine Furetière. En effet, il nous indique que “gripper” c’est “prendre avec rapacité comme avec une griffe ou main crochue. Un filou qui entre dans un logis grippe toujours quelque chose“.

…. à “Grippe” ….

Puis, en 1743, lors d’une épidémie (selon le “tableau des épidémies catharrales“), cette dernière a été nommée “grippe“. C’est probablement le verbe “gripper” qui lui donna son nom avec une certaine logique dans sa signification. En effet, au sens propre, cette maladie “saisissait” brusquement les gens (1).
Cette affection existait déjà bien avant cela. En effet, elle s’invitait, dans le royaume de France, à intervalles plus ou moins réguliers (attestée dès 1427). Et, selon les époques, elle a porté plusieurs noms : “suette anglaise”, “follette”, “dando”, “peste inflammatoire”, “coquette du nord”.

….. puis “Prendre en grippe”

L’expression qui nous intéresse a suivi de près l’avènement du mot grippe. On en trouve un exemple dans “Mémoires pour servir à l’histoire des moeurs du XVIIIe siècle” (1752) de Charles Pinot Duclos (1). On y décrit un public qui prend en grippe certaines gens à tort. Le sens était celui que l’on associe aujourd’hui à cette expression. Pour l’expliquer, peut-être avait-on alors en mémoire un sens ancien de grippe. En effet, au début du 14ème siècle, cela signifiait “querelle“. On en trouve un exemple dans “Branche des royaux lignages” (1306) de Guillaume Guiart (1).

La grippe dans tous ses états

Nous avons vu, ci-dessus, la grippe au sens de maladie et de querelle. Mais, dans la littérature, on croise également d’autres utilisations :

  • Fantaisie, caprice” : exemple, en 1632, chez Corneille dans “mascarade des enfants gâtés
  • Forte passion” : exemple, en 1684, Mme De Sévigné utilise “être grippé” pour “être entiché”

 

(1) Trésor de la langue française informatisé TLFi

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