Que signifie Bavard comme une pie ?
Bavard comme une pie qualifie une personne habituellement très bavarde.
Quelle est l’origine de cette expression ?
L’expression fait référence à la pie, le passereau noir et blanc bien connu qui jacasse bruyamment. Son nom vient du latin pīca, signifiant «pie».
Mais il est également attesté que “pica” a le sens de “bavard”. Petrone, l’un des favoris de l’empereur Néron, utilise effectivement ce terme dans le satyricon, roman satirique écrit en latin au 1er siècle. On y fait notamment connaissance avec une certaine Fortunata, épouse de Trimalcion. On la décrit ainsi “Est tamen malae linguae, pica pulvinaris” (“elle est toutefois très mauvaise langue, une vraie pie d’oreiller”). L’auteur nous dit ici qu’il s’agit d’une femme qui bavarde la nuit (“pie d’oreiller”) avec son mari pour critiquer ceux qu’elle n’aime pas.
Au 17ème siècle on utilisait l’expressions sous diverses formes :
- “Causer comme une pie borgne”. C’est mentionné par Antoine Furetière dans son dictionnaire universel (1690). Il cite également l’expression “causer comme une pie dénichée”.
- “il cageolle comme une pie borgne”. Dans son ouvrage “Curiositez françaises” (1640), Antoine Oudin indique que cela signifie “c’est un grand jaseur”. Il mentionne également qu’une pie est une “cajolleuse” (bavarde)
Selon Alain Rey, l’expression “bavard comme une pie borgne” viendrait d’une ancienne coutume. Elle consistait à crever un oeil (sinon les deux) aux pies que l’on voulait dresser à répéter des sons.
Quelques exemples en littérature
- “Rouletabille chez le Tsar” (1913) de Gaston Leroux. Dans ce roman, le fameux journaliste Joseph Rouletabille est envoyé en Russie pour y effectuer un reportage. Le Tsar est inquiet pour un de ses plus loyaux serviteurs, le général Trébassof, menacé par des révolutionnaires. Il suggère à Rouletabille, dont la réputation n’est plus à faire, de se charger de l’organisation de sa sécurité. Suite à une tentative d’empoisonnement, en attendant les médecins habituels du général, la police “avait ramassé en route ce petit docteur qui était gai et bavard comme une pie”.
- « Mademoiselle Mimi pinson » (1845) d’Alfred de Musset. Dans ce conte, l’étudiant Eugène est timide, travailleur et chaste. Grâce à la conspiration de ses amis, il est amené à rencontrer de jolies grisettes, ainsi nommées parce qu’autrefois les filles de petite condition portaient de la grisette (étoffe grise de peu de valeur). Mais il est surtout attiré par l’une d’elles, Mimi Pinson, qui chante comme l’oiseau. Il ne veut toutefois pas le reconnaître et le dit à son ami rencontré chez un barbier. Ce dernier qui est également un usurier est ainsi décrit : “Tour à tour bavard comme une pie, ou plutôt comme un perruquier qu’il était, lorsqu’il s’agissait de méchants propos, taciturne et laconique comme un Spartiate dès que les affaires étaient en jeu, il avait adopté la prudente habitude de laisser toujours d’abord parler ses pratiques, avant de mêler son mot à la conversation”
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