Que signifie De même acabit ?
De même acabit se dit de choses ou d’êtres que l’on trouve semblables, de même nature, même genre ou même espèce. L’expression porte toutefois une valeur péjorative. En effet, lorsque l’on compare ces choses ou ces êtres, on effectue un rapprochement, un amalgame qui tend à les déprécier.
Parfois on dit également “du même tonneau“, en sous entendant que les verres remplis à partir de la même source contiennent un produit de qualité contestable.
On emploie également “à l’avenant” ou “de même farine“, avec la même connotation péjorative.
Quelle est l’origine de l’expression ?
Apparition accidentelle au 15ème siècle
Le TLFi (Trésor de la langue française informatisé) mentionne une attestation isolée du mot acabit au 15ème siècle. C’est dans “Dialogue de messieurs de Mallepaye et de Baillevent“, poème attribué à François Villon. Le sens qu’on lui donne habituellement dans ce texte est “accident” : “Se en cest malheur et labit, Nous mourions, par quelque acabit “, que l’on pourrait traduire par “si dans ce malheur et cette déchéance, nous mourrions par accident”. Ce sens n’a pas de rapport avec la signification actuelle. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, dans “La puce à l’oreille”, Claude Duneton risque une explication. Il écrit qu’il n’est pas impossible que l’auteur se soit laissé entraîner par la rime et l’allitération “quelque acabit”. Et il lui aurait plutôt donner le sens de “façon”, “manière”.
Rapport qualité-prix au 17ème siècle
Le mot semble ensuite être quelque peu oublié. Il ne réapparaît qu’au milieu du 17ème siècle. Le grammairien Gilles Menage explique, dans son “dictionnaire étymologique de la langue françoise” (1650) : “Nous disons à Paris, ce fruit, ce mouton, ce drap ne sont pas de bon acabit pour dire ne sont pas bien conditionnés. Ce qui veut dire proprement ne sont pas de bon débit“.
Autrement dit, lors de l’achat d’une marchandise ou d’une denrée, “ne pas être de bon acabit” signifie que le rapport qualité-prix n’est pas bon.
Gilles Menage émet donc l’hypothèse que “acabit” avait le sens d’achat. Et ce serait, en fait, une corruption du bas latin accapitum. ce mot, selon lui, signifiait, de façon générale, “toute sorte d’achats”. Il était, à l’origine, un droit réel de jouissance sur un bien appartenant à autrui. D’ailleurs, cela a donné, en ancien français, le terme “acapit”. C’est l’ancêtre de l’emphytéose, bail immobilier de très longue durée (source Répertoire de jurisprudence – 1807).
Progressivement, le jugement qualitatif ne porte plus uniquement sur les choses mais également sur les personnes. On en trouve un exemple célèbre dans “Le rouge et le noir” (Stendhal – 1830) : “Mon fils et ses brillants amis de même acabit ont du cœur, de la fidélité pour cent mille “.
On voit d’ailleurs ici que l’expression n’est pas employée péjorativement. ce n’est qu’au 20ème siècle qu’elle a pris ce sens.
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