Que signifie Être à ramasser à la petite cuiller ?
Être à ramasser à la petite cuiller c’est être malade, blessé, sans force, sans énergie.
Cette expression évoque une entrée en liquéfaction. En effet cela peut s’appliquer à celui qui est très malade (fiévreux) ou très fatigué après un gros effort (transpirant).
Cela suggère également l’éclatement en plusieurs petits morceaux. C’est en effet là que la cuiller pourrait intervenir pour tout ramasser. Bon, là, c’est un peu plus grave car cela rappelle un choc, une violence, une explosion, un accident. Mais l’image reste correcte. Ne dit-on pas que l’on “s’éclate” face contre sol lorsque l’on chute lourdement.
Quelle est l’origine de l’expression ?
Le dictionnaire des expressions et locutions suggère que le choix de cuiller dans cette expression serait dû à (1) :
- La synonymie de “Ramasser” et cueillir”, et ….
- …. La prononciation très proche de “cueillir” et “cuiller”
L’expression semble apparaître au début du 20ème siècle, parfois renforcée par des récits de guerre où elle prend malheureusement tout son sens. C’est le cas dans :
- “Chignole (La guerre aérienne)” (1917) de Marcel Nadaud : “Son premier sursaut d’horreur devant la mort incroyablement rapide d’un camarade tout à l’heure plein de vie, et que l’on ramasse à la cuiller, dans une bâche” (2).
- “J’ai descendu mon premier boche” (1919) de Henri d’Orcines. Un pilote y raconte ses 3 semaines d’entraînement et, notamment son deuxième accident. Il fut “vidé de la carlingue et projeté à trois ou quatre mètres de là sur un moelleux tapis d’herbe“. Ses camarades, pilotes et mécanos “volèrent” à son secours pensant devoir le “ramasser avec une petite cuillère“. Mais, par chance ils le trouvèrent entier et “debout entrain de se frotter l’occiput“.
Notons que, aujourd’hui, on dit également “être à la ramasse” que l’on pourrait voir comme une formulation elliptique de l’expression.
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Un mot sur notre illustration
Nos sources :
(1) Dictionnaire des expressions et locutions – Les usuels du Robert, Poche (1997) – “Cuiller” page 276 – Par Alain Rey & Sophie Chantreau
(2) La guerre aérienne – Chignole – Albin Michel (1917) – Page 210 – Par Marcel Nadaud
(3) J’ai descendu mon premier boche – Editeur F.Rouff, Paris (1919) – Page 13 – Henri d’Orcines
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