Que signifie Faire un four ?

Faire un four c’est subir un échec, ne pas avoir de succès.

Quelle est l’origine de cette expression ?

Vers la fin du 17ème siècle, on l’utilisait déjà en parlant de pièces de théâtre.
Dans son dictionnaire universel (1690), Antoine Furetière donne cette explication : “En termes de Comediens, on dit, Faire un four, pour dire, qu’il est venu si peu de gens pour voir la representation d’une piece, qu’on a esté obligé de les renvoyer sans la jouer“.

L’obscurité du four

Il nous donne également une piste sur l’origine de l’expression : “On appelle figurément & hyperboliquement un four, un lieu obscur & sombre.”
Et le four étant associé à l’obscurité, Walther Von Wartburg (1) dit que, probablement, faire un four c’était “rendre la salle noire comme un four, en supprimant la lumière“.
Donc, pas suffisamment de spectateurs = on ne joue pas la pièce = on renvoie chez eux les quelques spectateurs présents = on fait l’obscurité dans la salle = on en fait un four.
C’est d’ailleurs ce que l’on peut lire dans le Littré : “les comédiens, refusant de jouer et renvoyant les spectateurs, c’est là le sens primitif, faisaient four, c’est-à-dire rendaient la salle aussi noire qu’un four.” (2)

Nouvel éclairage

Claude Duneton avance que Gaston Esnault fournit une autre clé (3).
Ce dernier a relevé le mot “éclairer” dans le langage des malfrats du 16ème siècle. Cela signifiait alors “apporter de l’argent”. Donc une pièce qui n’éclairait pas était une pièce qui ne rapportait aucune recette. Et, donc, là nous rejoignons le symbole d’obscurité (“non-éclairage”) mentionné dans le paragraphe précédent.

Ces deux explications nous semblent finalement complémentaires :
pas suffisamment de spectateurs = on ne joue pas la pièce = on renvoie chez eux les quelques spectateurs présents = la pièce ne rapporte pas d’argent (elle “n’éclaire pas”) = on fait l’obscurité dans la salle (on ne l’éclaire plus, on en “fait un four”).

Aujourd’hui, l’expression n’est pas réservée uniquement au théâtre. On l’utilise de façon plus générale dans le monde artistique (ex : film, exposition) lorsque l’on enregistre un échec alors que l’on aurait aimé “faire un carton”.

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Nos sources

(1) Dictionnaire étymologique de la langue française – PUF/Quadrige – 5ème édition (2012) – “Four” page 272 – Oscar Bloch & Walther Von Wartburg
(2) littre.org – “Four – Remarque
(3) La Puce à l’oreille – Le livre de poche (2011) – pages 429 à 431 – Claude Duneton

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