Que signifie “Finir en queue de poisson” ?

Finir en queue de poisson c’est terminer quelque chose de façon abrupte et décevante.

Quelle est l’origine de cette expression ?

Amour flou

Pour expliquer le sens métaphorique de l’expression, il faut revenir au mythe de la sirène scandinave. A partir du 15ème siècle, on la représentait sous la forme d’une jolie femme aux longs cheveux prenant la forme d’une queue de poisson à partir du buste.
D’illustres navigateurs ont dit en avoir rencontré. Ce fut le cas de Christophe Colomb en 1493. Toutefois il exprima sa déception face à cette apparition. On peut imaginer que leur buste dénudé suscita chez lui un émoi certain. Mais il ne put qu’être déçu en ayant la confirmation que ces demoiselles se terminaient en queue de poisson.
De cette déception est peut-être né le sens métaphorique de l’expression que nous connaissons aujourd’hui.
Toutefois, pour rétablir la vérité historique, il faut souligner que de nombreux historiens pensent que ce sont plutôt des lamentins femelles que le célèbre navigateur aperçut (1). Sans doute fut-il troublé par une sorte d’amour flou.

Horace au désespoir …

Quelques siècles plus tard, en 1835, l’écrivain danois Hans Christian Andersen fit de la sirène une héroïne romantique dans le conte “la petite sirène”.
C’est à la même époque que l’on commença à rencontrer l’expression en littérature. C’est attesté en 1833 chez Honoré de Balzac dans “Histoire des treize” où, dans un chapitre, il décrit des rues de Paris : “quelques rues, ainsi que la rue Montmartre, ont une belle tête, et finissent en queue de poisson“. (2)
En 1867, dans son dictionnaire de la langue verte (3), Alfred Delvau en donne cette définition : “Finir désagréablement, fâcheusement, tristement, platement, bêtement“. Et il nous met également sur la piste de la lointaine ancêtre de l’expression. En effet il précise qu’on l’emploie “dans l’argot du peuple, qui cependant ne connaît pas le Desinat in piscem d’Horace”. Il fait là référence au poème “l’Art poétique” du poète latin Horace. L’auteur y critique une oeuvre d’art sans unité prêtant à rire. Il la compare à une belle femme dont le corps se terminerait en poisson : “Desinat in piscem mulier formosa superne“. (4)
Horace au désespoir d’avoir vécu tant d’infamie face à une oeuvre si laide aurait pu également dire qu’elle n’avait ni queue ni tête !

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Nos sources :

(1) Site Geo.fr – Quel animal a inspiré le mythe des sirènes ?
(2) Histoire des treize – Premier épisode – Madame Jules – Editeur J.P. Meline, Bruxelles (1835) – Page 16 – Par Honoré de Balzac
(3) Dictionnaire de la langue verte – Editeur E.Dentu, Paris (1867) – page 196 – Par Alfred Delvau
(4) L’art poétique d’Horace traduit en vers français par Jacques Peletier – Imprimé a Paris par Michel de Vascosan (1545) – Publié par le Centre d’Etudes Supérieures de la Renaissance (2009) – Page 7 ( http://www.bvh.univ-tours.fr/Epistemon/B751131015_PYC612.pdf )

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