Que signifie L’argent n’a pas d’odeur ?
L’argent n’a pas d’odeur signifie que l’argent conserve sa valeur quelle que soit son origine, même malhonnête.
Quelle est l’origine de l’expression ?
Le site expressio.fr a servi de rampe de lancement pour la rédaction du présent article.
Quand l’amphore sent fort
Faisons un grand saut dans le passé vers la Rome antique environ 70 ans après le début de notre ère. L’empereur Vespasien y régnait alors. Pour renflouer les caisses de l’empire, complètement vidées par son prédécesseur, Néron, il institua un certain nombre de nouvelles taxes. Et il était toujours à la recherche de nouvelles sources de revenus.
Or, à cette époque, des amphores servant d’urinoir étaient disposées dans les rues. C’était sans doute par mesure d’hygiène. Mais, surtout, cela permettait de collecter l’urine qui était utilisée par les teinturiers pour préparer les tissus avant la coloration.
Impôt d’urine
L’empereur Vespasien décida alors de remettre en vigueur la taxe sur l’urine, d’abord créée par Néron puis abandonnée. Cette taxe était due par les acheteurs d’urine.
L’historien romain Suétone rapporte, dans l’histoire des douze césars, que Titus, le fils de Vespasien, lui reprocha d’avoir mis un nouvel impôt jusque sur les urines. En réponse, Vespasien brandit sous son nez l’argent qu’il avait reçu en premier paiement (“pecuniam ex prima pensione admovit ad nares“). Et il lui demanda si cela sentait mauvais (“sciscitans num odore offenderetur“). Quand Titus répondit par la négative, il répliqua « Pourtant, elle vient de l’urine » (“Atqui ex lotio est“).
Cette mesure lui valut un grand nombre de moqueries. C’est la raison pour laquelle Vespasien aurait déclaré, selon certains, « pecunia non olet » (« l’argent n’a pas d’odeur »).
Vespasien nous aurait donc légué cette phrase devenue proverbiale.
L’empreinte de Vespasien au 19ème siècle
On doit également à Vespasien le nom des urinoirs publics introduits à Paris par le préfet de la Seine, le comte Claude-Philibert de Rambuteau, à partir de 1834. On les baptisa “vespasiennes” en souvenir de cet empereur à qui était attribué, mais à tort, l’établissement d’urinoirs publics à Rome.
Et c’est également au début du 19ème siècle que semble apparaître la traduction en français de la célèbre phrase de Vespasien. On la trouve notamment dans “Taconnet” (1811), vaudeville d’Alphonse Martainville : “On a son petit boursicot de réserve, et l’argent n’a pas d’odeur” (voir dernière réplique page 32 de “Taconnet“).
Un peu plus tard, dans “Sarrasine” (1855), Balzac mentionne “l’axiome de Vespasien” : “En nul pays peut-être l’axiome de Vespasien n’est mieux compris. Là, les écus même tachés de sang ou de boue ne trahissent rien et représentent tout“.
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