Que signifie Dormir en chien de fusil ?
Dormir en chien de fusil c’est dormir sur le côté ramassé sur soi-même.
Quelle est l’origine de l’expression ?
L’explication le plus couramment donnée et la plus plausible prend son origine dans deux significations du mot chien.
Tout d’abord il s’agit de l’animal domestique. Ce dernier dort souvent sur le flanc. Et c’est une position comparable à celle de l’homme allongé sur le côté avec les jambes ramenées vers le haut.
D’autre part, le chien est une pièce d’armurerie d’une ancienne arme à feu. Elle ressemble à une tête de chien, d’où son nom. C’est elle qui permet de déclencher la mise à feu et le départ de la balle. Cette pièce est également en forme de S et ressemble donc à la position de l’homme couché précédemment décrite. Il est également intéressant de noter que cette pièce a un cran de “repos”.
Observons également que l’expression ancienne “piquer son chien” mettait elle aussi le chien au repos. En effet elle signifiait dormir, “piquer un somme” (1).
En résumé, le rapprochement de la position habituelle du chien couché et de la forme du chien de l’arme à feu a très certainement donné naissance à l’expression “dormir en chien de fusil”. Aujourd’hui, elle ne fait plus allusion qu’à la forme du corps qui sommeille.
Signalons que, dans “Curiositez françoises” (1640), Antoine Oudin décrit le chien de pistolet (ou de fusil). Toutefois il ne mentionne que l’expression “Dormir en chien” (Dormir au soleil pendant la chaleur). (2)
Ce n’est que plus tard, au milieu du 19ème siècle, que l’on retrouve l’expression “dormir en chien de fusil”. Dans son dictionnaire de la langue verte (1866), Alfred Delvau donne la définition suivante : “prendre en dormant une posture qui donne au corps la forme d’une S ou du morceau de fer qu’on abat sur le bassinet de certaines armes à feu lorsqu’on veut tirer” (3).
Exemples d’utilisation en littérature
- Jean-Alexandre Havard (dit D’Albanes) dans “mystères du collège” (1845) : “Chacun parlait de l’édredon, chacun disait : Tiens, est-il heureux de s’étendre à son aise là-dessous, tandis que nous, nous sommes obligés de nous coucher, ce qu’on appelle en chien de fusil, pour avoir un peu de chaleur”. (4)
- Henry de Montherlant dans “Le démon du bien” (1937) : “Il remarqua seulement qu’elle était couchée en chien de fusil, et se promit de lui dire que ce n’était pas bon pour la circulation.” (5)
- San Antonio dans “Les clés du pouvoir sont dans la boite à gants” (1981) : “Elle a choisi de s’installer à l’arrière de la CX noire officielle. Horace lui a sorti un vieux plaid écossais du coffre. la couvertures sent la botte de caoutchouc. Noelle s’est placée en chien de fusil sur le plancher.” (6)
Toutes les expressions avec chien
Nos sources
(1) Trésor de la langue Française informatisé (TLFi) – Chien
(2) Curiositez Françoises -Chez Antoine de Sommaville, Paris (1640) – page 100 – Par Antoine Oudin
(3) Dictionnaire de la langue verte – Chez E.Dentu, Paris (1867) – Page 144 – par Alfred Delvau
(4) Les mystères du collège – Chapitre X Le Dortoir – Par jean Alexandre Havard – page 100 – Wikisource
(5) le démon du bien – Gallimard, Paris (1954) – Pages 204 et 257 – Par Henry De Montherlant
(6) Les clés du pouvoir sont dans la boite à gants – Fleuve noir – par San Antonio
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