Que signifie Être à deux doigts de ?
Être à deux doigts de signifie être tout près de.
Quelle est l’origine de l’expression
L’épaisseur de deux doigts accolés représente une très courte distance. Et, par extension, cela désigne la proximité d’une chose ou l’imminence d’un événement.
François Rabelais
On connaissait l’expression au 16ème siècle. Rabelais l’a utilisée dans “Le Quart Livre des faicts et dicts heroiques du bon pantagruel” (1552).
Dans ce livre, Pantagruel et ses compagnons, dont Panurge, voguent vers l’oracle de la Dive Bouteille qu’ils atteindront dans le Cinquième Livre. Panurge, sur un bateau venant d’essuyer une tempête s’inquiète de l’épaisseur des planches constituant ce bateau (chapitre 23).
“De quante espesseur sont les ais de ceste nauf ? (de quelle épaisseur sont les planches de ce navire ?)
Elles sont (respondit le pilot) de deux bons doigtz espesses, n’ayez paour. (elles sont épaisses de deux bons doigts, n’ayez pas peur)
Vertus Dieu (dist Panurge) nous sommes doncques continuellement à deux doigtz près de la mort. (nous sommes donc continuellement à deux doigts près de la mort)”
Rabelais, dans un premier temps, l’emploie au sens propre (les planches ont concrètement une épaisseur de deux doigts). Et Panurge en déduit donc que, sur un tel bateau, il est proche de la mort.
Sachant que l’expression n’est pas attestée antérieurement à cette utilisation Rabelaisienne, on pourrait penser que Rabelais fut à l’origine de son sens figuré (proximité, imminence).
Un siècle plus tard, on retrouve l’expression dans le dictionnaire universel (1690) de Antoine Furetière : “on dit être à deux doits de la mort pour dire être en grand danger de mort.” Furetière semble s’inspirer de la réflexion de Panurge. Mais l’épaisseur des planches du bateau est passée aux oubliettes.
Boris Vian
Quatre siècles après Rabelais, une citation de Boris Vian met en valeur l’expression avec beaucoup d’humour : “Les manchots étaient à deux doigts d’en venir aux mains”. Les spécialistes analysent cette phrase comme une syllepse, figure de style se prêtant à toutes les espèces de jeux de mots. Là, en l’occurrence, Boris Vian entremêle sens propres et sens figurés.
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