Que signifie Faire le pied de grue ?

Faire le pied de grue c’est attendre longuement debout à la même place.

Quelle est l’origine de cette expression ?

Selon Alain Rey, Faire le pied de grue succède, au 17ème siècle, à une autre expression quelque peu bizarre du 16ème siècle. En effet il s’agit de “faire de la grue(1) dont la signification était alors “attendre longtemps sur ses jambes”. On la retrouve notamment dans le Cymbalum Mundi (1537) de Bonaventure des Periers : “Madame, votre prisonnier, il fait encore là de la grue”. (2)
Dans cette ancienne expression, grue semble être un mot dérivé de “gruer”. Ce verbe signifiait attendre (1). D’ailleurs on le trouve, avec ce sens, dans le poème “de mort à vie” (1544) de Maurice Scève : “Mais tous les jours gruer soubz l’asseurance que ceste fiebvre aura sa guerison” (3).

Il faut noter également que, au 17ème siècle, on employait souvent le terme grue avec un sens péjoratif. Notamment cela signifiait “sot”. Ainsi que l’indique Antoine Oudin dans “Curiositez francoises” (1640), on le trouvait plutôt dans l’expression “il n’est pas grue” signifiant “il n’est pas sot(4). C’est d’ailleurs dans ce même dictionnaire qu’il atteste l’expression dans sa formulation actuelle avec le sens “demeurer debout dans une anti chambre(5).
Et, de l’antichambre à la chambre il n’y a qu’un pas qu’on avait déjà franchi au 15ème siècle. En effet, selon Walter von Wartburg, dans son dictionnaire étymologique, en 1415 une “prostituée” était qualifiée de grue (6).

On voit donc que, depuis plusieurs siècles, on associe le terme “grue” à la position d’attente. Et on a naturellement assimiler cette position à celle de l’oiseau de la famille des échassiers reconnu pour être capable de se tenir longuement en attente, qui plus est sur une seule patte.

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Nos sources

(1) Dictionnaire des expressions et locutions – Les usuels du Robert de poche – “Grue” page 479 – par Alain Rey et Sophie Chantreau
(2) Le Cymbalum mundi et autres oeuvres de Bonaventure Des Périers – Librairie de Charles Gosselin, éditeur de la bibliothèque d’élite, Paris (1841) – Page 395 – Par Paul L.Jacob
(3) Délie, objet de plus haute vertu : poésies amoureuses – Chez N.Scheuring, Lyon (1862) – Poème “de mort à vie” page 48 – Par Maurice Scève
(4) Curiositez francoises pour supplément aux dictionnaires – Chez Antoine de Sommaville, Paris (1640) – page 260 – Par Antoine Oudin
(5) Curiositez francoises pour supplément aux dictionnaires – Chez Antoine de Sommaville, Paris (1640) – Page 418 – Par Antoine Oudin
(6) Dictionnaire étymologique de la langue française – Quadrige PUF, Paris (2012) – “Grue” page 308 – Par Oscar Bloch et Walther Von Wartburg

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