Que signifie “une bécasse” ?

Une bécasse au sens figuré désigne une jeune femme un peu stupide et naïve.

Quelle est l’origine de cette expression ?

Donner des noms d’oiseau

Une bécasse fait partie de toute une série de noms d’oiseaux souvent utilisés de façon péjorative.
En effet on dit :

  • d’une personne faible d’esprit qu’elle a une cervelle d’oiseau ou de moineau
  • d’un étourdi qu’il a une tête de linotte
  • d’une femme stupide que c’est une dinde
  • d’une jeune fille innocente qu’elle est une oie blanche.

L’héritage de la cousine Bécassine

Mais revenons à notre bécasse. Son nom est construit avec le mot “bec” et le suffixe “asse” à la fois augmentatif et péjoratif. En effet on l’utilise souvent pour former des noms ou des adjectifs cumulant ces deux notions. Citons par exemple “paperasse” formé à partir de papier et signifiant “papiers encombrants et inutiles”. Autre exemple “connasse” pour lequel il est inutile de faire un dessin.

En ce qui concerne la bécasse, le “asse” augmentatif s’applique bien sûr à son long bec. Mais, au passage, l’oiseau a hérité de l’aspect péjoratif de ce suffixe. Et, de ce fait, sa prétendue stupidité lui colle aux plumes. Cet aspect péjoratif pourrait également venir de l’homonymie avec la “bécassine sourde”, oiseau dont le comportement peut être jugé de stupide face aux prédateurs. En effet, en cas de danger, elle se plaque au sol en comptant sur son camouflage. Elle ne fuit en volant qu’en ultime recours (1).
Notons que la bécassine a également donné son nom au personnage de bande dessinée créée en 1905.

L’envol de la bécasse à la fin du 15ème siècle

On utilisait déjà ce mot “bécasse” à la fin du 15ème siècle comme terme injurieux envers une femme (2). On en trouve un exemple dans “Enquête d’entre la Simple et la Rusée” (vers 1500) de Guillaume coquillard (1452 – 1510), homme de lettres Français. Il s’agit d’une pièce parodiant les deux parties d’un procès entre deux femmes (La Simple et la Rusée) qui se disputent un homme (Le Mignon). Dans un passage de cette oeuvre, la Rusée” fait regrouper “quarante ou cinquante” filles pour aller débaucher “la Simple”. Parmi ces filles sont citées notamment Henriette la marmiteuse, Regnaudine la rondelette et Ragonde Michelon beccasse (3).

A partir de là, la bécasse quelque peu stupide a pris son envol pour traverser les siècles. On en trouve de nombreux exemples en littérature. Et Madame De Sévigné ne s’en est pas privée pour dire tout le bien qu’elle pensait d’une “amie”. C’est dans l’une de ses lettres adressées à Madame de Grignan, sa fille, en Mars 1689 : “Mme de Nesle est accouchée d’un fils : je ne sais si cette bécasse en est bien aise.” (4)

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Nos sources

(1) La bécasse et ses chasses – Artémis (2007) – Page 6 – Par Jean-Pierre Denuc
(2) Trésor de la langue Française informatisé (TLFi) – “Bécasse” ( https://www.cnrtl.fr/)
(3) Les oeuvres de Guillaume Coquillard – Tome premier – Imprimerie de Gérard, Reims (1847) – L’enqueste d’entre la simple et la rusée – Page 55
(4) Recueil de lettres de Madame de Sévigné – Tome septième – Chez Guichard, Avignon (1810) – Lettre à Madame de Grignan (Mars 1689) – page 156

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