Que signifie Ne pas avoir deux sous de jugeote ?
Ne pas avoir deux sous de jugeote c’est manquer sérieusement de bon sens, de faculté de jugement, et ne pas être très intelligent.
Quelle est l’origine de l’expression ?
On attribue souvent à Gustave Flaubert la création et la première utilisation du mot “jugeote” dans l’une de ses correspondances datée de 1871. Mais, lors de nos recherches, nous avons trouvé des utilisations antérieures dans les documents suivants :
- “La congrégation. Une mission chez les iroquois” (1846) d’un certain Godard-Lange. Il s’agit d’un poème satyrique dirigé contre les Jésuites. L’auteur y écrit qu’il s’autorise des néologismes notamment autour du verbe juger, par exemple “jugerie”, “jugeur”, “jugeoteur” et “jugeote”.
- Le dictionnaire universel (1854) par Maurice le Chatre. Il donne la définition suivante : “cet homme manque complétement de jugeote : il a peu de raison, il ne réfléchit pas beaucoup“
A cette époque, le mot “jugeote” a donc été formé à partir de “juger” et du suffixe “ote” qui donne le plus souvent une valeur diminutive (source : Dictionnaire du moyen Français DMF). C’est le cas ici. La jugeote traduit une faculté de jugement limitée. Et ne pas en avoir deux sous, c’est clairement ne pas être très malin. En effet le sou vient ici diminuer encore un peu plus le peu de faculté intellectuelle restante. Car un sou représente une valeur très faible. C’était la pièce de 5 centimes, soit le 20ème d’un franc.
Notons que le sou a trouvé sa place dans l’expression à la fin du 19ème siècle. C’est attesté notamment dans un roman de 1884 “Le Fratricide” de l’auteur Québécois, Joseph Ferdinand Morissette : “Innocents va, si vous aviez pour deux sous de jugeote, vous comprendriez que …..”.Notons que, dans cet extrait, on utilise la préposition “pour”.
Ajoutons enfin que, pour celui à qui s’adresse notre expression, le bon sens n’est pas près de chez lui, ainsi que le suggère notre illustration.
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