Que signifie Peu me chaut ?

Peu me chaut signifie “peu m’importe”, “je m’en fiche”.

Quelle est l’origine de l’expression ?

Précisons tout de suite qu’il n’y a pas de faute d’orthographe dans cette expression …. elle n’a rien à voir avec un petit coup de chaud !
Et pourtant elle vient du verbe “chaloirqui, lui-même, vient du latin calere“. Et ce dernier signifiait, au sens propre “être chaud”, et, au sens figuré “s’inquiéter”, “importer” (1)

De nos jours, le verbe “chaloir” a disparu du langage courant. Seul subsiste la 3ème personne au présent de l’indicatif : “Chaut“. Son utilisation est attestée dans “Le cantilène de Sainte Eulalie“, le plus ancien texte connu en Roman, l’ancêtre de l’ancien français et du Français. Il s’agit d’un poème en 29 vers rédigé dans les années 880. Il était chanté lors de la liturgie grégorienne, notamment à l’abbaye de Saint-Amand les eaux, près de Valenciennes (2)
En voici l’extrait : “El li enortet, dont lei nonque chielt, Qued elle fruct lo nom christiien” (Il l’exhorte, mais peu lui chaut de renoncer au titre de chrétienne) (3).

Au 12ème siècle, on rencontre l’expression avec l’orthographe actuelle dans la phrase “Il ne me chaut“. C’est dans “Le chevalier au lion” de Chrétien de Troyes, vers 1180.(1)

Notons que l’une des forme de “chaloir” est “chalant” au participe présent. Au 12ème siècle cela signifiait “ami, protecteur”. Au 16ème siècle c’était plutôt utilisé avec le sens de “client”. Puis “chalant” a formé “chaland” (client, acheteur) et “achalander” (procurer des clients) (1).

Et, pour terminer avec le verbe “chaloir” qui n’existe plus mais qui a laissé des traces dans la langue française, mentionnons qu’il a formé le mot “nonchaloir“, également disparu (1). Cela désignait, au 12ème siècle, l’indifférence, la “nonchalance” de celui auquel les choses importent peu, et qui proclamerait aujourd’hui “cela ne me fait ni chaud ni froid” ou “je m’en fiche” (notre illustration).

Autres expressions sur le thème du comportement, de la manière d’être ?

 

Nos sources

(1) Trésor de la langue française informatisé TLFi – “Chaut”

(2) Aventurelitteraire.com – La séquence de Sainte Eulalie

(3) A short history of french litterature – Published by Good Press (2019) – Cantilène de Sainte Eulalie – Vers N°13 – Par George Saintsbury

(4) Li romans dou Chevalier au lyon von Crestien von Troies – F.Vieweg, Paris (1880)- Par Wilhem Ludwig Holland

 

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