Que signifie peu ou prou ?
peu ou prou signifie plus ou moins.
Quelle est l’origine de l’expression ?
“Prou” est un adverbe qui, dès le 12ème siècle, signifiait “beaucoup, bien” (1). On en trouve une exemple sous la forme “prod” dans la chanson de Roland, poème épique du tout début de 12ème : “Ki tant ne set ne l’ad prod entendut (Celui qui ne sait pas cela n’a pas bien compris)“. Il est issu du bas latin “prode” (profit), lui même provenant du latin classique “prod est” (être utile, profitable) (1).
A titre d’exemple, le nouveau testament l’utilise ainsi dans l’évangile selon Saint-Matthieu: “Quid enim prode est homini si mundum universum lucretur” (“Est-ce qu’il est profitable à un homme de gagner l’univers entier“) (3).
De prode (profit) à prod (beaucoup), il n’y avait qu’un pas qui a donc été franchi pour nous laisser le mot prou (beaucoup). Si ce dernier était encore utilisé dans ce sens au 17ème siècle, il a disparu progressivement de notre vocabulaire pour ne subsister aujourd’hui que dans l’expression “peu ou prou”. Cette dernière, quant à elle, est attestée dès le début du 17ème siècle. On en trouve plusieurs exemples dans “le théâtre d’agriculture” (1600) de l’agronome français au nom prédestiné Olivier de Serres (4). Notons d’ailleurs qu’elle fut précédée par la forme négative “ne peu ne prou” (ni peu ni beaucoup) vers la fin du 16ème siècle (1).
De nos jours l’expression est utilisée pour nuancer un propos, dire par exemple qu’une chose est plus ou moins ceci ou cela. Selon les cas, cela peut signifier “dans une certaine mesure”, voire “dans une faible mesure” ou “environ, à peu de choses près”. Et en se cherchant des “prou” dans la tête, nul doute que l’on arrivera à trouver quelques autres synonymes.
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Nos sources
(1) Trésor de la langue française informatisé TLFi – Prou
(2) La chanson de Roland publiée d’après le manuscrit d’Oxford et traduite par Joseph Bédier – L’Édition d’art, H. Piazza, Paris (1922)
(3) Le saint évangile de Jésus Christ selon Saint Matthieu – Tome premier – Chez Guillaume Desprez, Paris (1740) – Chapitre XVI, verset 26 – page 601
(4) Le théâtre d’agriculture et mesnage des champs – Chez Antoine de Beaviollin, Lyon (1675) – par Olivier de Serres
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