Que signifie Prendre la mouche ?
Prendre la mouche c’est se mettre en colère brusquement et mal à propos.
Quelle est l’origine de cette expression ?
Prendre a ici la signification de “subir l’effet de quelque chose“, “ressentir”, comme, par exemple, prendre froid ou prendre peur (1).
L’expression semble s’inspirer de la réaction du bétail face aux mouches dont il prend (subit) les piqures. En effet il donne l’impression de s’énerver en agitant brusquement la queue pour les chasser. Précisons que la mouche a d’abord désigné divers insectes volants dont , au 17ème siècle, la “mousche aus beufs” (taon) (2) qui a sans doute inspiré l’expression.
D’où les expressions suivantes et leur sens figuré :
- 14ème siècle : “Prendre mouskes = s’irriter” dans “Poésies de Gilles Li Muisis” (vers 1350) : “mi kien prendent mouskes” (mes chiens s’irritent) (3)
- 15ème siècle : “Quel mouche le point ? = pourquoi se met-il en colère ?” dans “Le Mistére du Viel Testament” (vers 1485) (4)
- 17ème siècle : “Prendre la mouche = se mettre en colère” dans “curiosités françoises” (1640) par Antoine Oudin (5)
L’expression a donc pris son envol à partir du 17ème siècle dans la formulation et le sens que nous connaissons aujourd’hui.
On la trouve dans de nombreux dictionnaires (notamment dictionnaires de langues) aux 18ème et 19ème siècles. Et bien sûr en littérature. Par exemple, au tout début du 20ème siècle dans le journal d’une femme de chambre (1900) d’ Octave Mirbeau :
Autres expressions faisant mouche ?
Un mot sur notre illustration
Nos sources:
(1) Trésor de la langue française TLFi : cnrtl.fr/definition/prendre
(2) Invantaire des deus langues, françoise et latine – Chez la veue de Claude Rigaud et Philippe Borde, Lyon (1635) – “Mousche aus boeufs” Page 576b – Par Philibert Monet
(3) Poesies de Gilles Li Muisis – Imprimerie J.Lefever, Louvain (1882) – Tome second – Page 196, ligne 15 – Par M. le baron Kervyn de Lettenhove
(4) Le mistere du vieil testament – Librairie de Firmin Didot, Paris (1878) – Page 169, vers 4443 – Par le Baron James De Rothschild
(5) Curiositez Françoises – Chez Antoine de Sommaville, Paris (1640) – “Prendre la mouche” page 360 – Par Antoine Oudin
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