Que signifie Tomber en quenouille ?

Tomber en quenouille c’est tomber dans l’oubli, être laissé à l’abandon, péricliter, perdre de sa valeur ou de sa force.

Quelle est l’origine de l’expression ?

Une quenouille est un instrument que l’on utilisait autrefois. Elle servait à maintenir le textile à filer (lin, chanvre ou laine). Depuis l’antiquité elle a longtemps symbolisé une activité exclusivement féminine. C’est ainsi que l’expression a pris le sens de “tomber entre les mains de femmes” en parlant par exemple de domaines, de royaumes, de patrimoine ou de pouvoir (1).

D’ailleurs, on utilisait déjà l’expression au 14ème siècle dans ce sens. En 1316, un certain Gaucher V de Châtillon, connétable de France, proposa, lors du Conseil de Régence réuni quelques semaines après la mort du roi Louis X de France, de décréter l’impossibilité pour les filles d’accéder à la couronne. Il aurait déclaré “je vous le dis, la France est trop noble royaume pour tomber en quenouille et être remis à femelle. Les lis ne filent pas !”. (2) Il s’agissait sans aucun doute d’une interprétation misogyne de la loi salique. Ce sont les Francs qui l’instituèrent au 6ème siècle. Et, par son application, les femmes étaient alors exclues de toute succession.

Toutefois, cela finit par évoluer un peu car, au début du 17ème siècle, on employait l’expression lorsqu’une femme héritait d’un bien. Par exemple, lorsqu’un fief passait d’un homme à une femme, on disait qu’il tombait en quenouille ou qu’il “passait de lance à Fuseau”. Il passait donc de l’homme (qui manie la lance) à la femme (qui utilise fuseau et quenouille). C’est ce que nous expliquent, en 1606, les auteurs de “Thresor de la langue Francoyse, tant ancienne que moderne“. (3)

Puis, avec le temps, on a amplifié l’aspect misogyne et péjoratif de l’expression. En effet l’expression a perdu son sens premier avec la disparition de la monarchie. Mais on a commencé à lui faire porter la signification suivante : “être laissé à l’abandon, décliner, dépérir”. Donc on sous-entendait que le bien dont héritait une femme ne pouvait qu’être mal géré.

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Nos sources

(1) Trésor de la langue Française informatisé (TLFi) – Quenouille
(2) Généalogie de Gaucher V de Chatillon – Arbre Geneanet de Loic Prioux
(3) Thresor de la langue Francoyse tant ancienne que moderne – Chez David Douceur, Paris (1606) – “Quenouille” page 530 – Par Aimar de Ranconnet et jean Nicot

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