Que signifie Trois pelés et un tondu ?
Dire qu’il y a trois pelés et un tondu signifie qu’il y a peu de monde.
Quelle est l’origine de l’expression
Avant d’aller plus loin dans les explications, signalons que l’on trouve parfois l’expression avec quatre pelés au lieu de trois. Ce qui représente déjà un peu plus de monde !
Les trois teigneux de Rabelais
Au milieu du 17ème siècle, un pelé qualifiait “un homme mal basty, un coquin, un gueux”. C’est la définition que nous livre Antoine Oudin dans “Curiositez Francoises” (1640). Et il en profite pour mentionner l’expression “Il n’y a que trois teigneux et un pelé”. Elle signifiait alors “deux trois personnes de peu de considération”.
C’est Rabelais qui employa cette expression dans “Pantagruel, les horribles et espoventables faictz et prouesses du tres renommé Pantagruel Roy des Dispodes, filz du Grand geant Gargantua” (1532). Lors de son tour des universités françaises, Pantagruel s’arrête à Montpellier. il envisage d’y débuter des études de médecine. Mais il considére que les “medecins sentoyent les clisteres (lavements) comme vieux diables”. De ce fait il “vouloit estudier en loix, mais voyant quil n’y avoit que troys teigneux et ung pele de legistes audict lieu sen partit”.
Des trois teigneux aux trois tondus
Vers la fin du 17ème siècle, on employait l’expression sous la forme “Trois tondus et un pelé”. En effet, dans son dictionnaire universel (1690), Antoine Furetière indique “On dit proverbialement d’une assemblée de gens dont on ne fait pas grand cas, il n’y avoit que trois tondus et un pelé”.
Précisons que celui qui était pelé était atteint de ‘pelade’, maladie inflammatoire du cuir chevelu. D’autre part on peut imaginer que celui qui était tondu pouvait l’être du fait de la teigne, mycose du cuir chevelu. Donc de teigneux à tondu il n’y avait que l’épaisseur d’un cheveu. On comprend donc aisément pourquoi on cherchait à éviter ces personnes et pourquoi on ne faisait pas grand cas d’elles ainsi que l’écrit Antoine Furetière.
De “trois tondus et un pelé” à “trois(ou quatre) pelés et un tondu”
En se référant au dictionnaire de l’académie française, on peut déduire que l’expression sous sa forme actuelle (avec 3 ou 4 pelés) est apparue au début du 19ème siècle. En effet, on trouve :
- dans l’édition de 1798 : “Il n’y avoit que trois tondus et un pelé”: Un petit nombre de gens de peu de considération.
- dans l’édition de 1835 : “Il n’y avait que quatre pelés et un tondu” : se dit en parlant d’une réunion peu nombreuse composée de gens de peu d’importance.
De nos jours, on utilise l’expression surtout pour indiquer qu’il y peu de monde dans une assemblée. On pourrait même ajouter que ce ne sont pas les quelques personnes présentes dans cette assemblée qui sont de peu d’importance. Car s’il y a peu de monde c’est peut-être que ce qui est proposé (par exemple spectacle ou conférence) présente peu d’intérêt.
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