Que signifie Une hirondelle ne fait pas le printemps ?
Une hirondelle ne fait pas le printemps signifie qu’un seul fait ne suffit pas à tirer des conclusions. Plus généralement il ne faut pas se fier trop vite aux apparences.
Quelle est l’origine de cette expression ?
Cette expression est issue de “Ethique à Nicomaque“, traité d’Aristote, philosophe grec (384 -322 av. J.C.). Dans le chapitre intitulé “Le bonheur défini par la fonction propre de l’homme”, Aristote écrit “Car une hirondelle ne fait pas le printemps, non plus qu’une seule journée de soleil ; de même ce n’est ni un seul jour ni un court intervalle de temps qui font la félicité et le bonheur” (1). La première traduction en Français date de 1370. Elle est l’oeuvre de Nicole Oresme à partir de textes en latin (2).
Aristote emprunte l’image de l’hirondelle à Ésope, écrivain grec (7ème – 6ème siècle av. J.-C.) et à sa fable “Le jeune prodigue et l’hirondelle”.
“Un jeune prodigue, ayant mangé son patrimoine, ne possédait plus qu’un manteau. Il aperçut une hirondelle qui avait devancé la saison. Croyant le printemps venu, et qu’il n’avait plus besoin de manteau, il s’en alla le vendre aussi. Mais le mauvais temps étant survenu ensuite et l’atmosphère étant devenue très froide, il vit, en se promenant, l’hirondelle morte de froid. Malheureuse, dit-il, tu nous as perdus, toi et moi du même coup.” (3)
Au 13ème siècle, dans “Summae theologicae” (1266-1273), Saint Thomas d’Aquin la cite plusieurs fois sous la forme latine “Una hirundo ver non facit”, en faisant une allusion explicite à Aristote (4).
On trouve la présence de cette expression dans les œuvres des érudits de la Renaissance. C’est le cas, notamment, dans les collections d’adages d’Erasme (1467-1536). Cela contribua fortement à la consolider dans les langues modernes (5).
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Nos sources
(1) Ethique de Nicomaque – Livre 1 “le bien et le bonheur” – Chapitre 6 “Le bonheur défini par la fonction propre de l’homme” – Site Remacle.org
(2) OpenEdition Journals – Le « Prologue du translateur » des Éthiques et des Politiques d’Aristote par Nicole Oresme (1370-1374)
(3) Fable d’Esope – Le jeune prodigue et l’hirondelle – Traduction par Émile Chambry – Fables, Société d’édition « Les Belles Lettres », 1927 – page 110 – Site wikisource
(4) Summae theologicae – Lugduni (1686) – page 102 – par Saint Thomas d’Aquin
(5) The Adages of Erasmus – University of Toronto press (2001) – Pages 111, 112
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