Que signifie Avoir toujours un boyau de vide ?
Avoir toujours un boyau de vide c’est avoir faim, bon appétit.
Quelle est l’origine de l’expression ?
Voilà une expression que votre grand-mère employait sans doute lorsqu’elle vous offrait un gâteau que vous ne refusiez jamais : “Regarde-le celui-là, il a toujours un boyau de vide”.
Mais l’expression est bien plus ancienne. En effet on l’utilisait au début du 17ème siècle. La formulation était alors quelque peu différente. C’est ce que mentionne Antoine Oudin dans “Curiositez françoises” (1640) : Il a toujours une aulne de boyaux vuide”. Et il en donne cette définition : “Il est toujours prêt à manger pour festoyer ses bons amis”.
Ici aulne est une variante orthographique de aune. Il s’agit d’une ancienne unité de mesure de longueur. Cela représentait les deux tiers d’une toise, soit 1,20m. Donc une aulne de boyau vide laissait encore de la place pour un repas ! Mentionnons que le mot aune est encore utilisé en français dans l’expression “à l’aune de” signifiant “à la lumière de”, “en considération de”.
Un peu plus tard, dans son dictionnaire universel (1690), Antoine Furetière fait un peu de surenchère. En effet il écrit “on dit d’un jeune homme de bon appétit qu’il a toujours 10 aunes de boyaux vuides pour festoyer ses amis”. Nul doute que cela qualifie un gros mangeur prêt à faire bombance avec ses amis.
Puis l’aune disparaît au cours du 19ème siècle. On trouve alors l’expression sous la forme “avoir les boyaux vides“. Par exemple, dans “le dictionnaire du jargon parisien” (1878), Lucien Rigaud indique que cela signifie “être à jeun”, “avoir faim”.
A la fin du 19ème apparaît l’expression telle que la pratiquait votre grand-mère. Dans son “dictionnaire d’argot fin de siècle” (1894), Charles Virmaître indique que “avoir un boyau de vide” peut s’appliquer à un poivrot ayant une grande soif.
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