Que signifie Faire grève ?
Faire grève c’est cesser collectivement le travail dans le but de faire valoir des revendications d’ordre salarial et social.
Quelle est l’origine de l’expression ?
Sous les pavés la place et la plage
Les personnes qui font grève aujourd’hui ne se doutent peut-être pas qu’elles sont dans les pas de celles qui, au 12ème siècle, fréquentaient la place de Grève à Paris. On l’avait ainsi nommée en raison de la plage qui la bordait. Rappelons en effet que le mot vient du latin “grava” (sable, gravier) (1).
Dans le dictionnaire des métiers (1268), Etienne Boileau nous apprend que les bourgeois négociants avaient acheté cette place au Roi Louis VII moyennant 70 livres en 1141. Les greniers et les celliers qui la bordaient alors servaient d’entrepôt pour les grains, le sel et les vins qui étaient débarqués sur cette plage.
Comme sur tous les ports, de nombreuses personnes venaient y chercher du travail auprès des marins et marchands.
On a donc d’abord associé la locution “Faire grève” au fait d’être à la recherche d’un emploi.
Faire grève au début du 19ème siècle
Et, au fil des siècles, cette inactivité est passée de situation subie à acte volontaire vers le tout début du 19ème siècle.
En effet l’une des premières attestations de “grève”, avec le sens que nous connaissons aujourd’hui, date de 1805. C’est ce qu’indique Ferdinand Brunot dans le tome IX, 2ème partie de “Histoire de la langue Française des origines à 1900” (1937). Il fait référence à un rapport de Scipion Mourgue figurant dans le tome 45 de “Révolution française” (1903) et mentionnant : “les tailleurs de pierre ont décidé entre eux de faire, demain lundi, ce qu’ils appellent grève (c’est à dire de quitter l’ouvrage) pour demander de l’augmentation“. Ce rapport date de Messidor An XI, donc cette attestation du mot grève dans le sens arrêt volontaire du travail daterait plutôt de 1803.
Une place en bord de Maire
Signalons par ailleurs que c’est lors de cette même année 1803 que la place de Grève est devenue place de l’Hôtel de Ville. Sans doute est-ce parce que cette ancienne plage se retrouvait en bord de maire.
Des coups de “tric” avant la grève
Mais, bien avant que cela prenne le nom de grève au début du 19ème siècle, les arrêts collectifs et volontaires du travail existaient déjà. C’était par exemple le cas au milieu du 16ème siècle. On parlait alors de “Tric” (3). Dans son dictionnaire universel (1690), Antoine furetière en donne cette définition “TRIC, est un mot inventé par les Compagnons Imprimeurs, qui leur sert de signal pour quitter leur ouvrage, & aller faire débauche : ce qui leur est deffendu par l’Article 34. de leurs Statuts, & par l’Article 6. de l’Ordonnance de François I. de 1541. comme aussi par l’Ordonnance de Charles IX. de 1571. il leur est deffendu de faire journée blanche”
Nos sources
(1) Trésor de la langue française informatisé TLFi
(2) Le Robert Dictionnaire des expressions et locutions – Alain Rey & Sophie Chantreau – 1997
(3) La loi dans la langue, loi de langue à travers une chronique de la grève des origines à 1848 – Maurice Tournier – 1992
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