Que signifie Un homme averti en vaut deux ?

Un homme averti en vaut deux signifie que, lorsqu’une personne est prévenue, elle est sur ses gardes. Donc elle est aussi redoutable que deux personnes pour son ennemi.

Quelle est l’origine de l’expression ?

Un homme avisé ….

Au début du 16ème siècle on la trouve sous la forme “un homme avisé en vaut deux“. Dans Pantagruel (1530), Rabelais écrit “Vrayement, dist le seigneur de Baisecul, cest bien ce que lon dit, quil faict bon adviser aulcunesfoys les gens, car ung homme advise en vault deux.” (1)

Un bon averti ….

Aux 17ème et 18ème siècles, l’expression était courante sous la formulation “un (bon) averti en vaut deux” :

  • La première attestation date de 1601. En effet, le philosophe Pierre Charron l’utilise dans “De la sagesse” : “On dit que l’homme surpris est à demy battu et au contraire un adverty en vaut deux.” (2)
  • En 1690, on peut lire cette définition dans le dictionnaire universel d’Antoine Furetière : “On dit un bon averti en vaut deux pour dire un homme est bien plus fort quand il a pris ses précautions.” (3)
  • En 1791 Fabre d’Eglantine l’utilise dans la comédie “L’intrigue épistolaire” : “Enfin bon averti, mon enfant, en vaut deux. Suffit : péril prévu n’est plus si dangereux.” (4)

Un homme averti ….

Mais, en parallèle, l’expression dans sa formulation actuelle, où “bon” est remplacé par “homme”, commence à trouver son public dès la fin du 17ème siècle. L’une des plus anciennes attestations date de 1676, dans un recueil de sermons (5). Mais c’est vraiment au 19ème siècle qu’elle devient populaire.

On voit donc que, depuis le 16ème siècle, l’expression suggère clairement que lorsque l’on est prévenu (avisé, averti), on est doublement en état de prendre les mesures adaptées au contexte.

La typographie à l’origine de l’expression ?

Toutefois, nous nous devons d’évoquer une autre hypothèse concernant l’origine de l’expression. Elle est mentionnée dans le “Dictionnaire étymologique de la langue françoise” de Gilles Menage paru en 1694 puis en 1750 dans une nouvelle édition augmentée (6).

Ce dictionnaire précise que cette hypothèse est due à Jacob Le Duchat, érudit et philologue français. Elle figure dans son livre “Ducatiana ou remarques sur divers sujets d’histoire et de littérature” en 1738 (7). Il y indique que le “a avec titre” (autrement dit “â”) en vaut deux, comme dans le mot de l’ancien français “aage” qui est devenu “âge”. Par altération du langage, la phrase “un a avec titre en vaut deux” serait devenue “un averti en vaut deux”. Cette hypothèse pourrait paraître recevable sur un plan chronologique. En effet l’accent circonflexe est apparu pour la première fois en français au 16ème siècle (8). Mais il faut reconnaître que cette explication typographique, même venant d’un dictionnaire faisant référence, est quelque peu alambiquée.

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Nos sources

(1) Wikisource- Pantagruel – Par Rabelais
(2) De la sagesse – Suivant la vraie copie de Bourdeaux – Chez JB et N De Ville, Lyon (1695) – Livre II – Page 363 – Par Pierre Charron
(3) Dictionnaire universel – Tome premier – Chez Arnout et Reinier Leers, Rotterdam (1690) – “Bon”, page 293 – Par Antoine Furetière
(4) Oeuvres choisies de Fabre d’Eglantine – Chez Madame Daro-Butschert, Paris (1824) – Scene II, page 246 – Par MM Nodier et Lepeintre
(5) Sermons pour tous les jours du Caresme – Par Jean Boude, imprimeur du Roy, Toulouse (1676) – Tome 9 – Sermon VII, page 192 – Par Jean Lejeune, prêtre de l’oratoire de Jesus
(6) Dictionnaire etymologique de la langue françoise de Gilles Menage – Volume 1 – Chez Briasson, Paris (1750) – “Averti”, page 112 – Par A.F. Jault
(7) Ducatiana ou remarques de feu M. Le Duchat sur divers sujets d’histoire et de littérature – Tome premier – Page 466 – Chez Pierre Humbert, Amsterdam (1738)
(8) Wikipedia – Accent circonflexe

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