Beurre sur la ville – Une nouvelle de Christian Foudel

Grâce à son industrie beurrière, les finances de la petite ville de Doussain se portaient plutôt bien, et la plupart de ses habitants faisaient leur beurre au sens propre comme au sens figuré.
Ce fut vrai jusqu’à ce jour où l’on commença à constater que le lait des producteurs locaux ne contenait plus aucune matière grasse. Même quelqu’un n’ayant pas inventé le fil à couper le beurre était capable d’en déduire que cela allait mettre un coup d’arrêt à la production de beurre.
On fit venir des spécialistes pour étudier ce curieux et préoccupant phénomène. Mais ils ne trouvèrent aucune explication. Les vaches n’étaient pas atteintes de maladie et elles se nourrissaient toujours de la même façon. La crainte était donc que cela fasse tache d’huile et que cela atteigne d’autres régions. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle les laiteries de Doussain avaient du mal à s’approvisionner hors de leur territoire. Cela créa vite des tensions et même parfois des pugilats générant quelques yeux au beurre noir.

un pis-aller

Il fallut donc très vite rebondir. On chercha une autre activité pour redémarrer l’économie locale et remettre du beurre dans les épinards. Une idée fit son chemin et entra dans le plan de développement communal comme dans du beurre. Il y avait en effet à Doussain un élevage porcin auquel jusqu’à maintenant l’industrie beurrière avait fait de l’ombre. On allait produire du saindoux à partir de la graisse de porc. C’était frappé au “groin” du bon sens mais cela restait un “pis”-aller. On se consolait toutefois en se disant qu’on ne pouvait pas avoir le beurre et l’argent du beurre  et en espérant que l’on trouve rapidement une solution pour produire à nouveau le beurre qui avait fait la renommée de la ville.
Mais le problème perdura et la ville de Doussain devint même l’objet de railleries ….. ses anciens concurrents prirent l’habitude de l’appeler non pas “Doussain” mais “Saindoux” et elle commença donc à compter pour du beurre …..

…..”T’as vraiment beaucoup d’imagination mais t’es pénible quand t’es beurré P’tit Lu” dit le patron du bar à Lucien (dit “p’tit Lu”), l’éleveur porcin local, qui racontait son histoire à qui voulait bien l’entendre dans le bar bondé à cette heure de la journée après la fin du travail dans les laiteries.
Compte tenu de l’ambiance autour de p’tit Lu, personne n’avait prêté attention à l’article à la une de la gazette locale qui avait été déposée à l’entrée du bar : “un phénomène préoccupant signalé par un éleveur de vaches laitières à Doussain ….

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